Les travailleurs français sont-ils engagés ?

Les travailleurs francais sont ils engagés
Les travailleurs francais sont ils engagés

Si l’engagement est devenu la lingua franca mondiale des rapports entre actionnaires, salariés et leurs supérieurs, les chiffres montrent que les Français accusent un net retard par rapport aux Anglo-Saxons.

Ainsi, selon un sondage Gallup réalisé auprès de la population active en 2016, les niveaux d’engagement s’élèvent à seulement 7 % en France, contre quasiment le double (13 %) au Royaume-Uni.

Hormis les facteurs génériques à l’origine d’un faible niveau d’engagement dans le monde, la France a d’autres problèmes plus pressants à régler.

Prenez Camille, jeune Française brillante qui m’a dit vouloir devenir fonctionnaire car pour elle, malgré l’ennui qu’une telle carrière procure, c’est l’assurance d’un « emploi à vie » et d’une retraite. Peut-on lui reprocher son attitude face à de tels enjeux ? Sur le marché français du travail, un contrat à durée indéterminée (CDI) qui respecte le salarié est aujourd’hui considéré comme le Saint Graal. Il est synonyme de stabilité puisqu’il permet entre autres de contracter des crédits et de louer son logement, mais ce confort a un prix : la triste réalité est telle que Camille (et elle est la première à le reconnaître) ne mettra jamais tout son cœur, toute son énergie et toute son intelligence à son travail, car il n’est pour elle qu’un moyen de subsistance. Ce constat est aussi démoralisant que les attentes de ses supérieurs hiérarchiques.

C’est un cercle vicieux. Quand, le 9 mars 2016, le gouvernement français a tenté d’introduire une loi contribuant à assouplir et à dynamiser le marché du travail, des milliers de personnes comme Camille sont descendues dans les rues pour manifester contre la plupart des grandes mesures pro-entreprises.

Selon Nicolas Lecaussin, directeur du think tank libéral français IREF, « pour la première fois depuis longtemps, un gouvernement comprend qu’il faut accorder plus de latitude et de flexibilité au marché du travail ». Pourtant, selon un sondage Odoxa, 78 % des 18-34 ans s’opposent à cette nouvelle loi. Alors qu’aux États-Unis et au Royaume Uni, des mesures telles que le contrat zéro heure gagnent du terrain et le concept d’emploi de « gré à gré » donne les mêmes droits aux employeurs et à leurs travailleurs (qui peuvent ainsi démissionner avec seulement deux semaines de préavis), en France, les pratiques rigides et l’appel des syndicats au maintien des acquis paralysent le marché du travail, ce qui se traduit par des niveaux de chômage record.

Il n’y a pas de remède miracle. Toutefois, un engagement accru semble s’imposer aux deux parties, et ce n’est pas une fin en soi. Pour améliorer le moral des équipes (et donc leur engagement), il ne suffit pas de les faire travailler 35 heures par semaine, de prendre en charge le coût de leur pass Navigo ou d’organiser une ou deux réjouissances par an. L’agence spécialiste de l’engagement BI Worldwide est claire à ce sujet : « Les employés engagés sont davantage disposés à recommander leur employeur à d’autres, ils sont plus passionnés et attachés à réaliser les objectifs de l’entreprise, ils sont plus productifs et accomplissent davantage de choses durant leur journée de travail, et ils sont plus satisfaits de leur vie professionnelle et personnelle. »

Sans surprise, les dirigeants ne peuvent y parvenir seuls, mais ils ont la possibilité de faire appel à un spécialiste expérimenté en psychologie positive appliquée qui leur proposera une méthodologie de coaching éprouvée fondée sur la recherche scientifique.

Le renforcement de l’engagement par le biais d’interventions de psychologie positive, comme par exemple la recherche de forces, est un excellent point de départ. Cette méthode consiste à identifier ses forces, celles que l’on a acquises et celles dont on n’a pas conscience, et non pas ses faiblesses. Il y a pléthore de tests gratuit sur Internet (VIA, Clifton StrengthsFinder de Gallup, R2, Strengthscope, etc.) pour ce faire, et l’erreur la plus courante est de ne pas aller plus loin. Le travail ne fait en réalité que commencer. Il est nécessaire de savoir quand et dans quel contexte employer ses forces dans sa vie personnelle et professionnelle. Le fait de canaliser l’attention sur les forces contribue à stimuler les individus, les équipes et les dirigeants pour donner un nouvel élan à leurs meilleures atouts, et ce de manière tout à fait pratique.

Ce n’est pas une mode, c’est un fait : le domaine en plein essor de la psychologie positive mobilise le monde universitaire et celui des affaires pour créer l’excellence. Des établissements français comme HEC ou EDF l’utilisent : c’est une approche factuelle qui favorise la résilience, le bien-être, la motivation et un style de management positif. Bien entendu, les interventions de psychologie positive revêtent des formes multiples et la solution la plus efficace dépend du profil de l’organisation et des objectifs qu’elle vise.

Le gouvernement français sait qu’il doit prendre des mesures audacieuses. Dans le secteur public et privé, les employeurs sont contraints par la complexité du code du travail et des pratiques, et par la rigidité des syndicats. Le changement ne sera pas immédiat, mais une main d’œuvre plus engagée est un Saint Graal durable.

À l’échelle de l’entreprise, le leadership positif consiste à donner aux employés le sentiment d’avoir un but et de leur accorder une autonomie suffisante. Le but recherché est de créer des intrapreneurs pour, in fine, améliorer la situation du marché français de l’emploi et renforcer la créativité, l’innovation et, j’ose le dire, le plaisir au travail.

À l’échelle individuelle, il est nécessaire que les Français rejoignent le débat mondial sur l’engagement, qu’ils portent leur regard au-delà de leurs lois et frontières, et qu’ils mettent leur cœur, leur énergie et leur intelligence à une cause plus productive.

La réponse à la question posée dans le titre semble donc être un non retentissant, du moins pour le moment. Les Français ne sont pas engagés, que ce soit au niveau du gouvernement, des entreprises ou sur le plan individuel. Et naturellement, l’un ne peut exister sans l’autre. Ce qui est plus triste encore, c’est qu’à moins que les gens comme Camille et les syndicats ne descendent dans les rues pour libérer le gouvernement et les entités publiques et privées de France des contraintes législatives qui sont un frein au progrès et au changement, il est hélas peu probable que les chiffres sur l’engagement ne s’améliorent.

Read it in english here written by Una van Dorssen

Blog écrit par UNA VAN DORSSEN (anglais), traduit par Saphia LARABI

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