Améliorer sa prise de décision – Série Neurosciences

Merci culpabilite
Merci culpabilite

Comment prendre de bonnes décisions ? Entre intuition inconsciente et libre arbitre

En période électorale, la question des ressorts d’une prise de décision mérite d’être explorée.

Les psychologues et neuroscientifiques s’intéressent aux mécanismes de la prise de décision surtout depuis une cinquantaine d’années et le sujet est particulièrement étudié et débattu de façon toute récente. La psychologie positive, la toute jeune neuro-économie et le courant en vogue du neuro-management boursculent les théories déterministes.
Qu’en est-il vraiment? Comment avez-vous le sentiment de prendre une décision? Plutôt intuitivement ou en analysant les tenants et les aboutissants? De façon émotionnelle ou rationnelle? Gouverné par vos expériences passées ou par votre vision de l’avenir? Rapidement ou après un long temps de maturation? Cela dépend-il des circonstances? de votre état émotionnel? Des enjeux sur votre sécurité ou votre avenir? du contexte de pression environnementale? Ou bien des forces que cette décision sollicite? Réfléchir à la façon dont nous prenons nos décisions les plus déterminantes est souvent très éclairante. 

Grâce aux neurosciences modernes, il est désormais établi que certaines zones cérébrales sont beaucoup plus impliquées dans les processus de décision. Il s’agit du cortex cingulaire antérieur qui appartient au système limbique et surtout du cortex préfrontal inférieur (ventro médial et orbito-frontal). Il a même été mis en évidence que ces régions neurologiques ne sont pas activées de la même façon si la décision est prise de notre propre impulsion ou si elle répond à une directive reçue. 
Dans les années 80, Benjamin LIBET, un neuroscientifique de l’université de Californie à San Francisco a fait une découverte majeure et fondatrice. Il a repéré que certaines zones profondes (sous corticales) du cerveau s’activaient avant même qu’une personne puisse définir qu’elle ait pris la décision consciente de modifier son comportement. Il a en effet analysé l’activité cérébrale (électroencéphalographique) de volontaires à qui il a demandé de bouger les doigts en regardant une horloge. Ils étaient libres de suspendre cette activité à leur guise, mais devaient simplement communiquer le moment où ils prenaient consciemment la décision de le faire. Et de façon très reproductible, le cerveau de ces volontaires s’activaient quelques centaines de milli-secondes avant d’avoir pris la décision. Ces données ont été ensuite reproduites par de nombreuses équipes, en utilisant des IRM fonctionnelles ou même l’enregistrement directe de l’activité cérébrale par des électrodes implantées au coeur du cerveau.

L’activité préalable ou “potentiel de préparation” a été retrouvée de façon très reproductible.  

Ces données ont longtemps fait dire que toute décision délibérée est précédée d’une impulsion inconsciente, non contrôlée. Ce qui a même fait dire à certains que le libre-arbitre n’est qu’une illusion.

Le concept du nudge, quelque part pose cela comme princeps. En proposant une indication que le cerveau assimile avec son système 1 (Kahneman), l’individu voit sa prise de décision influencée de façon si ce n’est inconsciente, très automatique, vers un comportement qui vise le bien commun. C’est aussi sur cela que s’appuient, de façon plus percinieuse de nombreuses démarches marketing et commerciales.

Mais nous verrons, dans les prochains numéros de cette série Neurosciences, que l’interprétation selon laquelle nous n’avons aucun véritable libre arbitre peut être modulée

En attendant nous pouvons nous interroger : Comment utiliser plus consciemment les fractions de secondes qui précèdent une action délibérée?

  • Dans un premier temps, nous vous proposons de vous exercer  : une fois par jour, pendant 7 jour, à marquer un temps d’arrêt avant de passer à l’action, pour d’observer simplement, calmement, en pleine conscience vos intuitions, émotions, vos intentions devant une décision que vous prenez.
  • Vous pouvez, aussi dans un deuxième temps, si vous en avez la possibilité, vous questionnez sur les forces qui sont sollicitées dans l’action que vous projetez de mettre en place. Et si elles correspondent aux forces que vous avez l’habitude d’utiliser ou non.

Dans le prochain blog de cette série consascrée aux Neurosciences de la psychologie positive, nous vous exposerons d’autres données neuroscientifiques révolutionnaires, récentes, qui donnent encore davantage de place au libre arbitre. 

Retrouvez tous les apports neuroscientifiques autour des concepts partagés avec la psychologie positive lors de ma formation en Neurosciences de la Psychologie Positive, dispensée à l’Espace Trinité, de 4 jours, les 15 et 16 Mai ainsi que les 26 et 27 Juin prochains.

Docteur Stéphanie Marchand

Docteur Stéphanie Marchand

Docteur en médecine, formé à l’université Paris VI, faculté de la Pitié Salpêtrière. Titulaire d’un diplôme Universitaire de morphologie et d’imagerie du système nerveux central des Pr BAULAC et HASBOUN – faculté de la Pitié Salpêtrière.
Coach en psychologie positive et collaboratrice du Dr Ilona Boniwell. Spécialiste de l’évaluation des fonctions cognitives (de formation gériatre). Responsable d’un hôpital de jour thérapeutique de réhabilitation cognitive dans un hôpital privé en Ile de France (HPGM). Dans cette unité ambulatoire, elle développe et coordonne de nombreuses activités favorisant le mieux-être et la neuroplasticité positive des personnes atteintes de troubles cognitifs (pleine conscience, psychomotricité, arthérapie, socio-esthétique, yoga, qi gong, ateliers basées sur le coaching en psychologie positive).

Au sein de l’hôpital elle développe et coordonne des activités stimulant les ressources des aidants naturels et des soignants (yoga, pleine conscience, ateliers basés sur le coaching en psychologie positive, notamment sur les forces, les capacités de résilience, gratitude, d’assertivité et de gestion des émotions).
Elle exerce conjointement la fonction de médecin clinicien dans un grand centre de recherche clinique et fondamentale en neuroimagerie et neurosciences cognitives d’Ile de France. Ses activités de recherches, en plein développement, sont aujourd’hui axées sur le système limbique, le cortex préfrontal et leur connectivité, dans le cadre du vieillissement normal et pathologique.

Références :

  • Newman, B. (1997) Apple Turnover: Dutch Are Invading JFK Arrivals Building And None Too Soon — U.S.’s Best-Known Airport Has Been a Lousy Place To Land, Walk or Stand — Using Flics to Help Fliers. Wall Street Journal, New York (May 13, 1997)
  • Rosset, E. (2017) Coaching et nudging (Enseignante-chercheure en psychologie positive, docteure en psychologie de l’Université de Boston aux Etats-Unis, le Dr Evie Rosset dirige le Social Connection Lab à Lyon et intervient pour des ateliers pour Positran). Paris. 
  • Sunstein, C. R., & Thaler, R. H. n(2003). Libertarian paternalism is not an oxymoron. The University of Chicago Law Review, 70(4), 1159–1202.
  • Sunstein, R. et Thaler, R. Nudge: Improving Decisions About Health, Wealth, and Happiness.

 

Allez plus loin avec les nudges et découvrez vos solutions pour implanter le nudge dans votre vie et à votre travail, avec l’Atelier des nudges du 9 Juin 2017.

Articles récents

Blog

Le jeu de l’avent

Blog

Le calendrier de l’avent par le Pr Ilona Boniwell

Blog

Livre psychologie positive
icone A Propos

Ce site Web utilise des cookies pour s'assurer que vous obtenez la meilleure expérience possible.